Aude Pessey-Lux: « Les gens viennent pour voir des robes, pas pour les parcours des couturiers »

Aude Pessey-Lux le 26 mai 2015

Aude Pessey-Lux le 26 mai 2015

L’exposition Fashion Mix ne cesse de surprendre au Musée de L’Immigration. Mais les visiteurs ont-ils vraiment compris la thématique de la visite ? Retour sur le concept et les préparatifs de cet événement avec Aude Pessey-Lux, directrice des collections de l’établissement.

Le Musée de L’Immigration est le seul musée qui recense le plus de visites depuis 2007. Est-ce pour cette raison que vous avez décidé de prolonger l’exposition?

En effet, oui. Elle est très appréciée et que nous avons un flux continu de visiteurs depuis l’ouverture. Je me souviens qu’à Noël, il y avait même des gens qui se cognaient dans la queue pour pouvoir entrer… Mais tout s’est fait par le bouche à oreille parce que nous ne nous servons pratiquement pas de spots publicitaires. Seulement quelques affiches et un peu d’agencement…

Pour mettre en place un événement de ce genre il faut être attentif à chaque détail. Parlez-moi de sa mise en place.

Mettre en place une exposition est toujours compliqué. Il faut à la fois compter des frais pour l’équipe scénographique et pour les graphistes et du temps pour le transport des œuvres. En l’occurrence, les mannequins viennent du Musée Galliera.  Et puis, il a fallu placer des documents historiques sous des vitrines… Sans compter la mise en place des lumières. Les techniciens ont du condamner des vitres pour ne pas faire entrer la lumière naturelle car elle peut abimer les tissus…

Vous êtes aussi conservatrice au patrimoine. Qu’en est-il de la présentation des archives de l’OFPRA ?

Etant donné qu’on nous a prêté ces documents et que l’on doit respecter un certain nombre de normes, nous les avons mis sous vitre avec une irradiation spéciale. Avec de genre de documents il faut faire attention aux émanations de vapeur et à l’acidité de l’air. C’est pour cela que nous les avons placés sous LED.

Agencement, scénographie, protection des œuvres…. A combien s’élève le budget de cette exposition temporaire?

Fashion Mix nous a coûté entre 250 000 et 300 000 euros.

Vous avez déjà reçu plus de 75000* visiteurs depuis novembre dernier. Quel genre de public touchez-vous en premier ?

La plupart de nos visiteurs sont des spécialistes de la mode ou des étudiants en école d’art ou de design. Je pense aux établissements belges ou lyonnais, par exemple. Et puis, je remarque un public souvent spécialisé dans le Marketing.

Pensez-vous que ce concept de « la mode par l’immigration » ait-été compris de tous ?

Personnellement, je crois qu’il y à une difficulté d’appréhender l’exposition seul. L’idée n’était pas seulement d’évoquer la mode en présentant des belles parures, mais de montrer les parcours de ces couturiers. C’est très difficile de comprendre la visée si l’on n’est pas guidé devant chaque nouvelle pièce. Je crains que beaucoup soient passés à côté du concept. Du concept de conciliation entre la mode et l’immigration. C’est un nouveau regard et tous ne l’on pas forcément perçu. On parle beaucoup des immigrés comme des gens vivant dans la misère, mais là c’est différent…

Comment expliquez vous ce détachement ou ce manque d’attention ?

Les gens viennent principalement pour voir des pièces et des robes, pas forcément pour découvrir un parcours de couturier.

* Au mois de mai 2015 : 75000 visiteurs / Juillet : 90.000

Valentine Puaux

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