Nymphéas Noirs : Michel Bussi enquête sur Giverny

Giverny, le jardin du peintre Claude Monet attirait en 2018 pas moins de 700 000 visiteurs du monde entier. Mais derrière ce paysage de carte postale bucolique et poétique de deux hectares, se cachent de nombreux secrets. Michel Bussi, auteur à succès, les dévoile au coeur d’une enquête dans son roman Nymphéas Noirs, paru aux éditions Pocket en 2011. Un récit à la fois impressionniste et policier, qui croque la vie d’habitants profondément discrets et dont la vie est rythmée par ce site légendaire. 

 

crédit photo : adora-goodenough, Unsplash

Le soleil est à peine levé que Jérôme Morvan, ophtalmologue réputé à Paris et en région est retrouvé mort dans le célèbre étang de Giverny, en Normandie. Dans sa poche, les inspecteurs y retrouvent une carte sur laquelle est imprimé un célèbre tableau de Monet, Les Nymphéas, accompagnée d’un texte : « Bon anniversaire, 11 ans ». De quoi inquiéter tous les givernois qui vivent au rythme du jardin créé par le célèbre impressionniste; d’autant plus que le praticien est réputé pour collectionner les oeuvres d’art mais surtout les femmes, à la ville comme au village. Et parmi ceux qui sont aux premières loges de la macabre découverte, une vieille femme à l’identité secrète qui guette discrètement les obsèques du haut de la tourelle du Moulin, telle une sorcière regardant s’effondrer son royaume. Un personnage phare et atypique, qui racontera d’ailleurs à la première personne, une grande partie du récit aux lecteurs de Nymphéas Noirs et qui permettra à Michel Bussi, de planter le décor ; un décor poétique, pastel et figé dans le temps mais surtout, nostalgique et inquiétant.

Reprenant les codes du policier autour d’une enquête de voisinage, l’auteur fait aussi de son histoire de pas moins de 493 pages, un roman impressionniste, calqué sur la biographie du peintre mythique, mais aussi un texte marqué par une pointe de suspense et de romantisme. Alors, qui pouvait bien en vouloir à Mr. Morvan, entre sa veuve éplorée Patricia, Stéphanie l’institutrice qui n’a jamais quitté l’Eure, ni ses pinceaux, ou encore son mari, Jacques, passionné de chasse ? Et si l’enquête remontait les méandres du passé, comme une dragueuse, le lit de l’étang, afin d’y voir plus clair ? Et si les policiers s’orientaient plutôt sur le rôle des enfants du coin, ou encore sur l’existence de la fondation Théodore Robinson valorisant le patrimoine artistique ? À moins que la mort du médecin ne soit liée à un trafic d’œuvres d’art ? Tant de pistes qui seront minutieusement explorées, à l’aide de divers « twists » et flash-back autour des personnages, pour que les curieux découvrent la vérité sur l’affaire, en même temps que les autorités.

Jalousies, rivalités, passions inconditionnelles pour la peinture et surtout pour les huiles sur toile, le tableau dressé de Giverny par la plume de Bussi reste en tout cas, haut en couleur et presque tendre, face à la morosité et à l’aigreur volontairement appliquées à ses personnages. Si Nymphéas Noirs devrait mener les collectionneurs jusque dans l’atelier boisé de l’auteur grâce à son style fluide et à son souci du détail, prenez toutefois garde à ne pas trop contempler ce jardin. À trop se pencher sur le reflet des nymphéas, un accident pourrait vite arriver. Et le fantôme de Monet, s’en moquer avec ironie. Pour rappel, l’artiste aura travaillé en ces lieux de 1883 à 1926, soit jusqu’à sa mort. 

 

Valentine Puaux

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