3ème tome des Conquérantes : le roman pour retrouver les vraies féministes

Après Les Conquérantes (tome 1 et 2), Alain Leblanc qui publie chez French Pulp, poursuit sur sa lancée avec la sortie d’un troisième volet : Un souffle d’indépendance ; celle de mettre en avant le combat des femmes pour l’accès à leurs droits en France, au travers d’une histoire romancée et le destin de deux familles, de 1890 à nos jours. Après le combat de Clémence pour reprendre l’usine familiale après la première guerre mondiale et celui de ses filles Gilberte et Noémie, refusant l’autorité familiale ou maritale en pleine période de Vichy, place à Marianne, la fille de Noémie, au moment de la légalisation de l’avortement et les violentes manifestations de mai 1968…

Si le nouveau cheval de bataille du gouvernement semble tourné vers la protection des femmes, encore trop souvent victimes d’agressions dans la rue et de violences conjugales en France, voire de féminicides, la thématique portait aussi à cœur l’écrivain et ancien journaliste Alain Leblanc, dans sa trilogie Les Conquérantes, dont le premier tome sortait pour la première fois en librairies en 2017.

Alors que l’histoire débutait dans les yeux de Clémence, se poursuivant dans le quotidien et l’intimité de sa fille Noémie, prise entre devoir et raison puis farouchement inspirée par la sœur journaliste et engagée dans la résistance, elle se poursuit dans les pas de la plus jeune de la lignée, Marianne, dans une époque cette fois plus moderne mais tout aussi chaotique, celle de 1968 aux années 2000.

Reprenant ainsi les anecdotes de ses personnages à la manière dont on ouvrirait l’album photo familial, oublié coincé entre deux tiroirs, l’auteur suit la frise chronologique si bien connue de nos livres d’histoire et redémarre là où la musique s’était arrêtée : après que les Américains aient lâché leur première bombe sur Hiroshima, que Noémie ne donne naissance, aux côtés de Guillaume, à Marianne, que Clémence ne tienne de nouveau, les rennes de l’entreprise et que l’on commence à danser le rock’n roll dans les bars et les salons.

Se présente alors aux lecteurs dans ce troisième tome, une adolescente farouche, qui au fil des pages refusera la banalisation du viol et le comportement des complices de cet acte, luttant aussi contre l’excision des fillettes et soutenant, non loin des fortes épaules de Simone Veil, le droit à l’avortement (et la contraception en parallèle). Mais pas question de faciliter la tâche au personnage, ni d’édulcorer le décor socio-économique de la France à cette période là, dans les projets du romancier. Toujours dans le même style réaliste, épinglant les discours de politiciennes et procès légendaires ancrés dans le temps, en parallèle des adeptes du flower power, il vient mettre en lumière les nombreux efforts des françaises pour trouver leur juste place dans la société, notamment pour s’engager dans des projets d’envergure, venant libérer la parole. Il esquisse alors une future acceptation du concubinage, évoque la prévention contre le sida, mentionne leur souhait de disposer des congés maternité mais aussi celui de la garde des enfants, ou l’acceptation de leurs choix vestimentaires : pouvoir décomplexer son corps avec le port d’une jupe plus courte que la norme. En plus d’incarner un nom phare, Marianne sera aussi, au regard da grand-mère et de ses tantes ayant vécu la fatalité, un symbole d’anticonformisme sur tous les plans : sexuel, politique et social. Un peu comme un clin d’œil à notre quotidien, toujours équilibré entre cohésion acceptation et tradition, face au refus et au chaos, donnant lieu à des débats houleux au nom d’une certaine tolérance et modernité.

Ainsi, au regard du passé, de ces grands-mères ayant lutté pour le futur de leurs petites filles pas encore nées, Un souffle d’Indépendance devrait offrir un panorama complet du féminisme, aux lectrices, à l’heure ou la définition est parfois mal connotée ou mal interprétée par la société. Ne reste qu’une phrase pour se convaincre d’avancer et briser le plafond de verre : s’inspirer des icônes du passé, qu’elles aient été médecins, rédactrices en chef de grands magazines ou politiciennes, et se convaincre, par fierté pour les précurseurs des droits, comme par solidarité, de mieux faire encore.

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